Coenagrion castellani

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Deliry C. [2025] – Coenagrion castellani - In : Odonates du Monde (Histoires Naturelles) (2004-[2025]) – Version 58561 du 30.06.2025. – odonates.net

Odonata > Zygoptera > Calopteragrionida > Coenagrionines > Coenagrionoidea > Coenagrionidae > Coenagrion mercuriale gr. : Coenagrion castellani, Coenagrion hermeticum, Coenagrion mercuriale s.str.

Cas du Maroc à revoir...

Coenagrion castellani Roberts, 1948

  • Coenagrion castellani Roberts, 1948

Statuts

VU 2023 UICN (en déclin) - Menacée pour cause de réduction de l’aire de répartition et disparition éparse des populations, stable depuis les années 2000, c’est une espèce décimée (Deliry [2024]).

🔍 - ©© byncsa - Roberto Sindaco - Italie, Cuneo en mai 2015 - iNaturalis

Compléments taxonomiques résumés

• avant 1948 - Confondu

Ce taxon a été confondu antérieurement avec Coenagrion mercuriale, Coenagrion scitulum voire Coenagrion caerulescens, ce qui est à contrôler pour les citations en Italie, voire d'Afrique du Nord (com., 25 novembre 2024).

• 1948 - Coenagrion castellani Roberts, 1948

Confondu avec Coenagrion scitulum dans un lot italien transmis par C.Conci à Roberts qui fait des spécimens adéquates et ressemblant à Coenagrion mercuriale en 1948, une nouvelle espèce sous Coenagrion castellani Roberts, 1948. Steinmann (1997) utilise une rédaction erronée de l'auteur : Robert et cite Coenagrion castellani présenté par Ben Azzouz & al. (1989) du Maroc. Steinmann (1997) donne en conclusion sa répartion en Italie et au Maroc et considère ce taxon comme une bonne espèce. Notons que la ♀ proposée par Roberts (1948) correspond selon Conci (1949) à Coenagrion caerulescens. Ben Azouz & al. (1989) replacent l'espèce dans son genre initial, Coenagrion et rétablissent l'orthographe initiale de Roberts (1948), plaçant ce taxon qui alors tendait à être regardé comme une sous-espèce de Coenagrion mercuriale au rang de bonne espèce en la séparant de Coenagrion mercuriale hermeticum. Ma relecture attentive de l'article de Ben Azzouz & al. (1989) est en phase avec l'avis donné par Jacquemin & Boudot (1990) : ces auteurs n'ont en définitives pas observé Coenagrion castellani au Maroc et ont de toute évidence confondu à la fois des spécimens de Coenagrion scitulum et de Coenagrion caerulescens avec ce taxon. En conséquence, même si leur option de bonne espèce pour Coenagrion castellani converge avec les avis donnés désormais, les fondements de leurs observations sont erronés et ces arguments ne sont clairement disponibles que depuis les années 2020 comme je le précise ci-dessous (com., 26 novembre 2024).
J'ai depuis le début considéré ce taxon comme une bonne espèce (Deliry [2004]), avec quelques hésitations (notamment en 2019 : voir plus bas). En 2021, je suis Galimberti & al. (2021) qui démontre l'isolement génétique du taxon, et reconsidère celui-ci, de nouveau comme une bonne espèce (Deliry [2021]). La WOL (Paulson & al.) va attendre la synthèse de Dijsktra & al. (2023) afin d'adopter aussi le rang d'espèce ) Coenagrion castellani. La Porta & al. (2023) ont aussi adopté le rang d'espèce.

• 1949 - Agrion mercuriale castellanii (Roberts, 1948)

Conci (1949) replace ce taxon dans le genre Agrion et corrige la terminaison en ii, tout en le considérant comme une sous-espèce d'Agrion mercuriale. Par ailleurs il considère que la ♀ étudiée par Roberts (1948) appartient à Coenagrion caerulescens.

• 1998 - Coenagrion mercuriale castellanii (Roberts, 1948)

d'Aguilar & Dommanget (1998) replace l'espèce dans le genre Coenagrion comme à l'initial et conserve la terminaison en ii, ce qui est une émendation issue de Conci (1949). Cette dernière est incorrecte selon l'UICN ([2023]), non justifiée selon l'ICZN (33.4) d'après Dijkstra & al. (2023).

• 2019 - Coenagrion mercuriale castellani (Roberts, 1948)

Je suis la logique des auteurs et sort ce taxon de son rang d'espèce, pour le considérer comme une sous-espèce de Coenagrion mercuriale (voir Deliry [2019]), mais cet avis ne sera que passager.

Éléments de description

Voir : Distinction des taxons du groupe Coenagrion mercuriale

Commentaires

Roberts (1948) qui vient de découvrir Coenagrion scitulum en Angleterre, demande à C.Conci des spécimens d'Italie pour cette espèce. Il y découvre dans la série transmise de spécimens italiens de supposés Coenagrion scitulum, des individus proches de Coenagrion mercuriale, suffisamment distincts pour qu’il en fasse une nouvelle espèce sous le nom de Coenagrion castellani.
Coenagrion castellani a ainsi été décrite comme une espèce par Roberts (1948). Le nom est corrigé (emend.) par Conci (1949) et la ♀ présentée Roberts (1948) déterminée comme Coenagrion caerulescens. Le taxon castellani a rapidement proposée comme sous-espèce de Coenagrion mercuriale avec quelques variations de la finales essentiellement sous ii (Agrion mercuriale castellanii : Conci 1949 ; Coenagrion mercuriale castellanii : d'Aguilar & Dommanget 1998) émendation non justifiée selon le ICZN (33.4) d'après Dijsktra & al. 2023, cette orthographe à terminaison ii n'est pas valide selon l'UICN ([2023]). De manière générale (olim) ce taxon est régulièrement placé comme synonyme de Coenagrion mercuriale directement. Entre temps, Ben Azouz & al. (1989) traitent ce taxon comme une bonne espèce sous son orthographe rectifiée : Coenagrion castellanii. Pour ma part, au moins dès 2004, je l'avais placée comme une bonne espèce, bien que m'étant rangé plus tard à l'idée régulière de la synonymie avec Coenagrion mercuriale ou plus exactement de son placement comme sous-espèce, Coenagrion mercuriale castellani, ici avec l'orthographe d'origine (Deliry [2019]). Je reviens sur cette décision en 2021 en me basant sur l'article de Galimberti & al. (2021) qui montre que castellani, mercuriale et hermeticum étaient distincts génétiquement[1]. Toutefois ces auteurs ne sont pas allés jusqu'à la conclusion que j'adopte alors de splitage de Coenagrion mercuriale (cf. s.l.) en Coenagrion mercuriale (s.str.), Coenagrion hermeticum et Coenagrion castellani. A la suite, et, indépendamment, La Porta & al. (2023) traitent Coenagrion castellani en tant qu'espèce et Dijsktra & &l. (2023) viennent confirmer son indépendance génétique, ce qui vient parfaire la notion de bonne espèce pour ce taxon. En réaction, la WOL adopte alors la notion de bonne espèce (Paulson & al. [2023] qui apparaît comme bien adoptée. Dijsktra & al. (2023) examinent les éléments disponibles sur ce taxon afin de confirmer sa description, sa répartition et sa phénologie en Italie.

Répartition

  • Italie (Roberts 1948, La Porta & al. 2023 ; premières données datant de 1877 et cartographie : Dijsktra & al. 2023).
  • Sicile (Bucciarelli 1971, 1977 ; disparue : Dijkstra & al. 2023)
  • Maroc [erroné !] : selon Ben Azzouz & al. (1989), en fait il s’agirait de Coenagrion caerulescens et/ou de Coenagrion scitulum selon Jacquemin & Boudot (1990). J'arrive à la même conclusion (voir ici : com, 2024) et on doit considérer que Coenagrion castellani n'appartient pas à la faune du Maroc.
  • Corse [?] et Sardaigne [?] : à confirmer ou rechercher (Berquier 2013).
En Italie l’espèce atteint très ponctuellement la Ligurie et est connue localement dans le Piémont. Elle paraît en déclin : plus de 30% sur la dernière décennie et ses habitats sont en cours de fragilisation (assèchements climatiques) (UICN [2023]). Il faut la considérer comme décimée [Deliry [2024]] car si près du quart du pays est renseigné entre les années 1950 et 1990, elle n’est plus que sur 5% du territoire ensuite. Par ailleurs la lecture de la cartographie disponible rend compte d’un net éclaircissement de la densité des localités dans le cœur de l’aire principale située sur les Appenins depuis la Toscane à la Calabre. Sa présence en Sardaigne ou en Corse n’est pas confirmée. Perdue parmi Coenagrion scitulum en Sicile et connue dans les années 1970, l’espèce n’y a pas été confirmée récemment. Cette difficulté fait suite à la disparition de son habitat et éventuellement au manque de recherche. Les indications du nord de l’Italie n’ont pas été confirmées récemment et étaient attribuée à Coenagrion mercuriale. Elles sont en quasi continuité avec les populations suisses de cette dernière espèce (voir Dijskstra & al. 2023). Elle reste encore méconnue car peu distinguée par les observateurs [2024].
Espèce "apennine", elle est connue dans presque toute l'Italie, notamment dans les régions centrales et méridionales, y compris la Sicile, mais elle n'est ni en Sardaigne, ni en Corse voisine. Dans le nord on la trouve seulement en Ligurie, dans le Piémont et en Émilie-Romagne. Elle a disparu de plusieurs stations de Romagne et de la région de Bologne, elle est très menacée et en situation relictuelle dans le nord de l'Italie, ne persistant que sur des localités isolées et de faible surface [2024].

Habitats

Petits cours d’eau sans ombrage et fossés d’irrigation, souvent proche des sources, caractérisés par une végétation aquatique et riveraine abondante. Les eaux sont peu profondes, généralement calcaires et de débit faible. Les berges peuvent êtres « pâturées » dans les espaces agricoles qu’elle tolère. Observée depuis le niveau de la mer à 1050 d’altitude (UICN [2023]).

Phénologie

Monovoltine, mais parfois bivoltine, alors avec une génération automnale faible (un dixième de celle de printemps) (Fabri 2018). Vole de fin mars à fin août, attardée jusqu’en octobre, l’activité est optimale entre avril et juin (Dijkstra & al. 2023).

Menaces et préservation

Supposée Vulnérable (Dijkstra & al. 2023), c’est un espèce menacée et en déclin (VU 2023) selon l’UICN. Elle est protégée par la Directives Habitats (sous Coenagrion mercuriale, par splitage postérieur à la Directive). L’urbanisation et l’agriculture tendent à réduire et fragmenter ses habitats. La pollution agit. Les changements climatiques (UICN [2023]), avec assèchements probables répétés en zone méditerranéenne, devraient pour ces derniers agir significativement [com., 2024].

🔍 - ©© bync - Pasquale Buonpane - Italie, vers Naples, le 26 mai 2022 - iNaturalist

Références

Ben Azzouz B., Guemmouh R. & Aguesse P. 1989 – À propos des Coenagrion du groupe mercuriale (Charpentier, 1840) et de la présence de C. castellani Roberts, 1948 au Maroc (Zygoptera: Coenagrionidae). – Odonatologica, 18 : 279–283.
Berquier C. 2013Plan Régional d’Actions en faveur des Odonates. Région Corse. – 2013-2017. – Office de l’Environnement de la Corse, Direction Régionale de l’Environnement de Corse.
Bucciarelli I. 1971 – Presenza in Sicilia di una colonia di Selysiothemis nigra (V. D. Lind.) e note su altre specie raccolte nell’isola e nell’Italia meridionale. – Bollettino della Società Entomologica Italiana, 103 : 175–185.
Bucciarelli I. 1977 – Dati preliminari sul popolamento odonatologico di Calabria, Sicilia e Sardegna (VIII Contributo alla conoscenza degli Odonati). – Annali del Museo Civico di Storia Naturale di Genova, 81 : 374-386.
Conci C. 1949 – L’Agrion mercuriale castellanii Roberts in Italia (Odonata: Agrionidae). – Bollettino della Società Entomologica Italiana, 79 : 62–64.
d'Aguilar J. & Dommanget J.L. 1998 - Guide des Libellules d'Europe et d'Afrique du Nord. - Del. & Niestl., Lausanne : 463 pp.
De Knijf G. & al. [2023] - Coenagrion castellani. -The IUCN Red List of Threatened Species 2023, consulté les 20 avril et 2 juillet 2024. - ONLINE
Deliry C. 2019Coenagrion castellani est mis en synonymie avec Coenagrion mercuriale (Odonata : Coenagrionidae). – Nomina Odonata, 18 février 2019. – PDF
Deliry C. [2004, 2021, 2024] - Odonates du Monde. - Histoires Naturelles (2004-2025). - odonates.net
Dijkstra K.D. & al. 2023 – Morphological and molecular evidence supports the species status of the Italian endemic Coenagrion castellani Roberts, 1948 (Coenagrionidae). – Intern. J. of Odonatology, 26 : 44-53. – ONLINE
Fabri R. 2018Aspetti della biologia, ecologia e stato di conservazione di Coenagrion mercuriale castellanii (Roberts, 1948) e Graphoderus bilineatus (De Geer, 1774). – Life Eremita (IT.000209), dossier Life.
Ferreira & al. 2014 - [A préciser !]
Galimberti A. & al. 2021 – Italian Odonates in the Pandora’s Box : a comprehensive DNA barcoding inventory shows taxonomic warnings at the Holarctic scale. – Molecular Ecology Resources, 21 (1) : 183–200.
Jacquemin G. & Boudot J.P. 1990 - A propos de Coenagrion mercuriale (Charpentier, 1840) au Maroc (Zygoptera : Coenagrionidae). - Notul. Odonatol., 3 (6) : 91-94.
La Porta G. & al. 2023 - The new Checklist of the Italian Fauna : Odonata. - Biogeographia, 38 (1). - PDF LINK
Paulson D., Schorr M. & Deliry C. (coord.) [2025] - World Odonata List (New). - Slater MNH, Univ. Puget Sound, première mise en ligne en 2000 (Schorr & al. 2000). - WOL - ONLINE (nouveau lien)
Roberts J. E. 1948Coenagrion castellani, a new species of dragonfly in Europe (order Odonata, Zygoptera). – Proceedings of the Royal Entomological Society of London (B), 17 : 63-66.
Swaegers J. & al. 2014 - Ecological and evolutionary drivers of range size in Coenagrion damselflies. - Journal of Evolutionary Biology, 27 : 2386–2395.

Communiqués et notules (Liste)

Notes

  1. Galimberti & al. (2021) sur la base des travaux de Ferreira & al. (2014) montrent que ce taxon correspond à un des trois groupes génétiques proches de Coenagrion mercuriale. Il est propre à la Péninsule italienne. Ces résultats ont conduit Dijkstra & al. (2023) à analyser la génétique et la morphologie des populations italiennes, ce qui amène à réhabiliter Coenagrion castellani comme une espèce distincte tel qu'envisagé à l'initial par Roberts (1948).

Espèces classées dans le même genre

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