Mahdjoub H. & al. 2023

De Odonates du Monde
Demoiselles et Libellules du Monde entier
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Deliry C. 2025 – Mahdjoub H. & al. 2023. - In : Odonates du Monde (Histoires Naturelles) [2004-2025] – Version 27308 du 13.01.2024. – odonates.net

Mahdjoub H. & al. 2023 - Condition‑dependent survival and movement behavior in an endangered endemic damselfy. - Scientific reports, 13 : 21819. - PDF LINK


Auteurs : Mahdjoub H., Zebsa R., Kahalerras A., Amai H., Bensouilah S., Samways M.J. & Khelifa R.


Résumé
Les déplacements sont essentiels au maintien des populations dans leurs habitats naturels, en particulier pour les espèces menacées vivant dans des environnements fluctuants. Des preuves empiriques suggèrent que la probabilité et la distance des déplacements chez les espèces territoriales dépendent du contexte, souvent en fonction de la densité de la population et du sexe. Ici, nous étudions le comportement de déplacement de la cohorte printanière d'une demoiselle endémique menacée, Calopteryx exul, dans un habitat lotique du nord-est de l'Algérie, en utilisant la capture-marquage-recapture (CMR) d'adultes. En échantillonnant 10 tronçons de rivière quadrillés sur une section de 2 km du cours d'eau, nous avons pu estimer la distance de déplacement tout au long de la vie des individus et estimer la probabilité de déplacement pour les mâles et les femelles. Nous avons utilisé des modèles multi-états pour examiner si la densité individuelle et le sex-ratio influencent la survie et la probabilité de mouvement. Nous avons constaté que les mâles et les femelles avaient des noyaux de déplacement similaires, la plupart des individus se déplaçant sur de courtes distances (83% effectuant des déplacements de < 100 m et seulement 1% de > 1000 m). Sur les 547 individus marqués, 63% étaient des résidents et 37% étaient des mobiles (se déplaçant d'au moins 50 m d'une occasion d'échantillonnage à l'autre). La probabilité de survie a montré des estimations plus élevées pour les femelles et était légèrement dépendante de la densité (c'est-à-dire que des probabilités de survie plus faibles étaient associées à des densités élevées de mâles). La probabilité de survie n'a pas montré de différence marquée entre les résidents et les mobiles. La probabilité de déplacement et les distances étaient positivement corrélées avec la densité individuelle, mais n'étaient pas ou légèrement corrélées avec le sex-ratio, respectivement. Ces résultats ne sont pas en accord avec les hypothèses d'un mouvement basé sur le sexe et les coûts de survie du mouvement. Nos résultats suggèrent que l'espèce effectue principalement des mouvements sur de courtes distances qui dépendent des interactions intraspécifiques.


Abstract
Movement is essential for the maintenance of populations in their natural habitats, particularly for threatened species living in fuctuating environments. Empirical evidence suggests that the probability and distance of movement in territorial species are context-dependent, often depending on population density and sex. Here, we investigate the movement behavior of the spring cohort of an endangered endemic damselfy Calopteryx exul in a lotic habitat of Northeast Algeria using capturemark-recapture (CMR) of adults. By sampling 10 gridded river stretches across a 2 km section of the watercourse, we were able to estimate the distance of movement throughout individual lifespans and estimate movement probability for both males and females. We used multistate models to examine whether individual density and sex ratio infuence survival and movement probability. We found that males and females had similar movement kernels with most individuals moving short distances (83% performing movements of < 100 m and only 1%> 1000 m). Of the 547 marked individuals, 63% were residents, and 37% were movers (moved at least 50 m from one sampling occasion to another). Survival probability showed higher estimates for females and was slightly density-dependent (i.e., lower survival probabilities were associated with high male densities). Survival probability did not show a marked diference between residents and movers. Movement probability and distances were positively correlated with individual density, but were not or slightly correlated with sex ratio, respectively. These results are not in line with the hypotheses of sex-biased movement and survival costs of movement. Our results suggest that the species performs mostly short-distance movements that are dependent on intraspecifc interactions.


Commentaires
Un total de 255 ♂ et 292 ♀ ont été marqués (sex-ratio 53,4% de ♀). 55,5% des individus ont été recapturé au moins une fois, avec un meilleurs taux de recapture pour les ♂ (57,1%) que chez les ♀ (53,7%). Les individus capturés sont pour l'essentiel résidents restant dans une zone de 50 m autour du point de marquage (63%) et près des 4/5e (37,0%) s'avèrent plus mobiles, sans préférence pour l'amont ou l'aval (ce qui n'est pas conforme avec une hypothèse de compensation de la dérive riparienne, C.Deliry, com.). Lorsque les densités en individus sont élevées, le sex-ratio paraît équilibré, par contre lorsque les ♀ sont présentes en fortes densités, la quantité locale de ♂ est diminuée. A noter que les individus résidents ont un plus fort taux de chance d'être recapturés que les individus mobiles : ainsi ont-ils 48% plus de chance d'être redécouverts. Ceci peut être mis en relation avec la longueur fixée d'exploration qui est de 2 km sur le cours d'eau étudié et les individus se dispersant ont soit un taux de mortalité augmenté (en définitive le taux de survie ne semble pas significativement différent pour les individus résidents et les mobiles), ou, plus probablement des phénomènes de dispersion échappant à l'échantillon géographique couvert : quittant le cours d'eau ou allant à des distances plus élevées (com. pers.). Le taux de survie des ♀ paraît légèrement supérieur à celui des ♂. La mobilisation des individus paraît supérieure lorsque les densités locales sont importantes, ce qui est conforme à l'idée de diminuer la pression de compétition pour les localités à tendances surdensitaires (com. pers.). Peu de différences en termes de distance de déplacement sont constatées selon les deux sexes : 76,2±186 m (record 1358 m) pour les ♂ et 77,2±187 m (record 1476 m) pour les ♀ ; le nombre de contacts liées aux recaptures sont respectivement de 583 et 675. Les déplacements de plus de 100 m concernent 17% des recaptures, 4% pour plus de 500 m et 1% au-delà de 1000 m. Les ♂ découverts dans des zones à forte densité de ♀ réalisent les déplacements les plus lointains.
Que ce soit les ♂ ou les ♀ les comportements de déplacement paraissent relativement similaires, ceux-ci opérant tant vers l'aval que vers l'amont de manière similaire. Le taux de recapture est légèrement plus élevé chez les ♂ et le comportement cryptique des ♀ est vraisemblablement en cause. A l'instar d'autres Calopteryx, la tendance à ne pas se déplacer est majoritaire, alors que les déplacement constatés au-delà d'un kilomètre sont très rares (1%). Le comportement cryptique des ♀ semblent en faveur de leur conférer un taux de survie plus élevé que les ♂ plus démonstratifs. L'isolement des stations sur le bassin de la Seybousse, montre que chacune est relativement éloigné des autres et les distances parcourues paraissant plus faibles que cet espace inter-site n'est pas propice aux échanges entre les localités. La densification des stations favorables paraît en conséquence propice à la conservation de l'espèce (com. pers.).