Lambret P., Janssens L. & Stoks R. 2021

De Odonates du Monde
Demoiselles et Libellules du Monde entier
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Deliry C. [2025] – Lambret P., Janssens L. & Stoks R. 2021 - In : Odonates du Monde (Histoires Naturelles) (2004-[2025]) – Version 9751 du 23.05.2023. – odonates.net

Lambret P., Janssens L. & Stoks R. 2021 - The impact of salinity on a saline water insect: Contrasting survival and energy budget (2021). - J. of Insect Physiology, 131, mai 2021.


Résumé (traduction libre)
La salinité de l'eau est un facteur important de la répartition des insectes aquatiques. Les espèces salines sont généralement généralistes et présentent un taux de survie et de performance élevé à la fois à des niveaux de salinité faibles et élevés. Pourtant, les coûts d'une forte salinité peuvent être sous-estimés car ils sont le plus souvent mesurés en termes de traits d'histoire de vie des larves, alors que les effets des facteurs de stress larvaires peuvent n'être détectables qu'en examinant les traits physiologiques et les traits au stade adulte. Ici, nous avons évalué les effets physiologiques létaux et sublétaux de l'exposition embryonnaire et larvaire à une gamme de niveaux de salinité chez la demoiselle Lestes macrostigma, à la fois pendant et après la métamorphose. Cette espèce habite des eaux douces temporaires où la salinité augmente pendant la phase d'assèchement. La salinité n'a pas eu d'effet sur le succès d'éclosion des œufs dans la gamme de 2-9,5 g/L de sel marin (gamme de conductivité 3,45-14,52 mS/cm). Avec l'augmentation de la salinité (jusqu'à 16 g/L, 23,35 mS/cm), le taux de croissance a diminué et les larves ont mis plus de temps à émerger et ont atteint une taille plus petite. Le taux de survie des larves jusqu'à la métamorphose a augmenté avec la salinité jusqu'à 8 g/L (12,45 mS/cm) et a ensuite diminué à 16 g/L. L'exposition à la salinité au stade larvaire n'a pas eu d'effet à travers la métamorphose sur la masse musculaire du thorax adulte et la performance de vol, ainsi que sur l'investissement dans la fonction immunitaire. L'augmentation de la salinité au stade larvaire n'a pas non plus eu d'effet sur l'énergie disponible, mais a augmenté la consommation d'énergie au stade adulte, ce qui a entraîné une baisse du budget énergétique net. Ces effets sublétaux négatifs de l'augmentation de la salinité ont donc ponté la métamorphose et ont contrasté avec les données de mortalité, suggérant que la mortalité plus élevée aux faibles niveaux de salinité sélectionnait les larves ayant la meilleure condition corporelle. Nos résultats soulignent l'importance de prendre en compte d'autres traits physiologiques et d'histoire de vie, en plus de la mortalité, idéalement à travers différents stades de vie, pour mieux comprendre et prévoir les conséquences d'une salinisation croissante sur les insectes d'eau douce.


Abstract
Water salinity is a major driver of aquatic insects’ distribution. Saline species are usually generalists with high survival and performance at both low and high salinity levels. Yet, costs of high salinity may be underestimated as these are most often measured in terms of larval life history traits, while effects of larval stressors may only be detectable when looking at physiological traits and traits in the adult stage. Here, we assessed the lethal and sublethal physiological effects of embryonic and larval exposure to a range of salinity levels in the damselfly Lestes macrostigma, both during and after metamorphosis. This species inhabits temporary freshwaters where salinity increases during the drying phase. Salinity had no effect on egg hatching success within the range 2–9.5 g/L sea salt (conductivity range 3.45–14.52 mS/cm). With increasing salinity (up to 16 g/L, 23.35 mS/cm), growth rate decreased and larvae took longer to emerge and did so at a smaller size. Larval survival to metamorphosis increased with salinity up to 8 g/L (12.45 mS/cm) and then declined at 16 g/L. Exposure to salinity in the larval stage had no effect across metamorphosis on both the adult thorax muscle mass and flight performance, and the investment in immune function. Increasing salinity in the larval stage also had no effect on the energy available but increased the energy consumption in the adult stage, resulting in a lower net energy budget. These negative sublethal effects of increasing salinity hence bridged metamorphosis and contrasted with the mortality data, suggesting that the higher mortality at the low salinity levels selected for larvae with the best body condition. Our results highlight the importance of taking into account other life-history and physiological traits, besides mortality, ideally across different life stages, to better understand and predict consequences of increasing salinization on freshwater insects.