Les habitats de Lestes macrostigma en Camargue

[Faton J.M. 2000] – Les habitats de Lestes macrostigma en Camargue. – Libellul’mE, 16 février 2000. – ARCHIVES

Habitats présentés par Jean-Michel Faton (in litt. du 16 février 2000, odonata-fr)

« Cette espèce semble particulièrement adaptée aux milieux temporaires de l’extrême. J’ai eu la chance de voir quelques centaines d’individus début mai 1995 dans la partie Est de la Camargue. J’ai recherché cette espèce sur les sites connus en juin 1999, mais sans succès. Cette espèce est typique des milieux saumâtres : Aguesse parle de 16 g de chlorure de sodium par litre. En Camargue, le Lestes macrostigma semble connaître de fortes variations selon les années. Des explosions démographiques ont même été observées en comme en 1987/88 où ce leste a été vu dans la Vallée du Rhône à plus de 60 km de la Camargue (Coffin 1989). Ce leste pond dans la partie basse des tiges du Scirpes maritimes. Les émergences doivent certainement commencer vers la mi-avril, ce qui est vraiment très précoce pour un leste. Un explication au développement très rapides des larves peut être donnée : pas de prédateurs concurrents comme les poissons, prolifération des proies crustacés et diptères. Dès la fin mai, les mares qui abritent cette espèce sont en voie d’assèchement et les œufs doivent être bien protégés dans les tiges de scirpes pour attendre le retour des eaux, dans le courant de l’automne. On peut imaginer que les larves se développent dès l’automne et au début du printemps. Je n’ai pas trouvé de biblio très précise sur ce sujet. En Camargue, les surfaces d’habitats couverts de Scirpes maritimes et de mares temporaires sont en très forte régression du fait de la forte diminution des zones de pâturage extensif et la pression des aménagements humaines (riziculture, aménagements touristiques ou cynégétiques…). Il nous semble que les rares zones encore favorables à cette espèce menacée de disparition se trouvent dans les deux Réserves Naturelles : Réserve Nationale et Domaine de la Tour du Valat. Nous devons retourner en Camargue en mai 2000 pour mieux comprendre la biologie et la répartition de cette espèce. »