Simaeshna affinis (Aeshna affinis)

Simaeshna affinis (Vander Linden, 1820)

Æschne affine – Famille des Aeshnidae (Aeshnidae)

LC 2016 France (Non menacée : 7/10 : 1987)

Simaeshna affinis, Marais de Champagnat (Drôme) le 9 juillet 2008
© Jean-Michel Faton
Simaeshna affinis : Paléarctique Ouest
©© byncsa – Cyrille Deliry – Histoires Naturelles

Répartition à tendances méditerranéennes ; holoméditerranéenne à expansion orientale (Jacquemin & Boudot 1999). L’espèce est présente localement en Afrique du Nord et son aire s’étend jusqu’à l’ouest de la Russie et en Iran. Tendances migratrices vers le centre, voire le nord de l’Europe. Son expansion récente l’a menée jusqu’aux côtes anglaises et le nord de l’Europe continentale, mais sans atteindre les pays scandinaves (Grand in Deliry 2008). Depuis l’essentiel du sud-est de la Grande Bretagne et le sud de la Suède sont concernés par des arrivées relativement régulières ([2020]).

Simaeshna affinis
Carte adapté depuis le site de la SfO
©© byncsa – Cyrille Deliry – Histoires Naturelles

En France cette espèce a des tendances méridionales : assez bien répartie dans les deux-tiers sud de la France. Elle est en forte expansion dans le nord de son aire de répartition (Grand in Deliry 2008). On peut toutefois la voir [désormais] sur l’ensemble du pays ([2014]). Populations florissantes dans le sud de la France. Elle peut être certaines années d’une abondance exceptionnelle plus au nord comme en Dombes par exemple ([2014]). En progression dans le pays ([2000]) : première reproduction en Lorraine (Guérold & al. 2001, Askew 2004), nouvelle pour le Calvados en 2005 ([2014]). Cette progression est tout à fait significative depuis le milieu des années 1990 ([2020]). Elle est connue en Corse (Papazian 1987).

Simaeshna affinis – Cartographie : GBIF, Sympetrum et Entre Amis
©© byncsa – Cyrille Deliry – Histoires Naturelles
Simaeshna affinis – île d’Oléron (Charente-Maritime) le 5 septembre 2004
© Guy Bourderionnet

Habitats – On l’observe fréquemment dans les étangs (ouverts ou fermés), les marécages, ainsi que dans les bras morts et les reculs des rivières de plaine. Elle fréquente également les mares et les étangs ceinturés de végétation haute, ainsi que divers biotopes à niveau d’eau variable ou temporairement exondés (FF Massif Central [2020]). Dans la Drôme est régulièrement présente dans les milieux temporaires de plaine (Faton 1997). Elle occupe des eaux stagnantes en zones ouvertes ou forestières (clairières), y compris dans des milieux soumis à un assèchement estival, et peut tolérer des eaux légèrement saumâtres. La larve semble capable de résister aux périodes de dessiccation en s’enfouissant dans la litière des zones herbeuses temporairement asséchées ([2020]). L’imago se déplace largement dans le paysage : la maturation s’effectue souvent à plusieurs kilomètres du gîte larvaire, l’espèce étant réputée migratrice. Des regroupements d’individus immatures sont régulièrement observés dans des clairières ou des vallons abrités ([2020]). La reproduction est attestée jusqu’à environ 700 m d’altitude, avec quelques signalements à 770 m et 1035 m en Haute-Loire (B. Gilard, in litt.), 980 m dans le Cantal (Gilard 1997), 1060 m en Haute-Loire (Ladet 1995), et un record de 1325 m dans les Hautes-Alpes (Iorio 2013).

Phénologie – Vole de mi mai à mi septembre (fin octobre), mais les adultes sont essentiellement sur les sites de reproduction en juillet-août. Dès le 20 mai en Rhône-Alpes, en particulier dans les marécages surchauffés. Si les effectifs sont souvent importants encore début septembre, ils s’effondrent vers la moitié de ce mois et ensuite on en voit presque plus. Les adultes fraîchement émergés se dispersent pour entamer une période de maturation qui peut se prolonger au delà d’un mois. Développement larvaire en deux ans en général, parfois un ans selon les conditions climatiques.

Simaeshna affinis : Phénologie en Rhône-Alpes
© Groupe Sympetrum 2006 (réal. : C.Deliry)

Biologie – Lorsque les densités sont faibles les mâles sont peu territoriaux. Ils se posent rarement et jamais pour un long moment. L’accouplement peut durer une bonne demi-heure et il se déroule près des sites de reproduction. Le mâle reste généralement en tandem avec la femelle pendant la ponte, ce qui est exceptionnel chez les Aeschnidés d’Europe. La ponte peut avoir lieu sur des sites dépourvus d’eau ([2020]).


Par régions ou départements, selon la rareté de l’espèce

C’est une espèce commune en Loire-Atlantique (Meurgey & al. 2000). Elle est localement abondante dans la Drôme (Faton 1997), en augmentation ([2008]).

En Auvergne et Limousin, l’espèce est assez rare, trouvée surtout selon les vallées de l’Allier et de la Loire sous 400 m d’altitude, très dispersée ailleurs, ne dépassant pas les 600 m. Vole de juin à septembre (FF Massif Central [2020]). De même assez rare en Rhône-Alpes (LC 2013) (9,6% des communes), elle a été indiqué en Savoie par Dessaix (1858), puis le 29 juillet 1960 à Jarrie (Isère – C.Degrange). Un intense effort de prospection a permis de passer de 58 communes en 2002, à 124 en 2005 et 171 en 2006 (Grand in Deliry 2008). Assez rare dans l’Ain ([2003]), on peut toutefois l’observer en abondance en Dombes, notamment en juillet-août (Grand 1991). Assez rare dans le Puy-de-Dôme, où Francez (1991) ne connaissait que trois stations, là où elles sont une vingtaine ultérieurement (Bronnec [2016]), témoignage de progression ([2025]). Assez rare dans le Rhône ([2003]), elle est en augmentation ([2008]).

Simaeshna affinis en Rhône-Alpes & Dauphiné
©© byncsa – Cyrille Deliry – Histoires Naturelles
Simaeshna affinis en Rhône-Alpes & Dauphiné
© Groupe Sympetrum (réal. : C.Deliry)

Elle est rare dans le Pays de l’Adour, en Aquitaine (Leconte & al. 2012). Rare en Isère ([1997]), mais en augmentation ([2008]). On ne l’avait trouvée initialement que dans l’Isle Crémieu, le Grésivaudan et la Basse Vallée de l’Isère (Loose 1987). Elle est localisée dans la Plaine du Forez pour la Loire (Brugière 1999). C’est une espèce rare en Savoie (Deliry 1988), fait confirmé ultérieurement ([2007]).

Elle est très rare dans les Hautes-Alpes où elle a été découvert en 1999 ([2003]). Elle est dite rarissime en Haute-Savoie (Deliry 1988, Bal 1998) et d’indigénat incertain.


  • Askew R.R. 2004 – The Dragonflies of Europe. (revised ed.) – Harley Books : 215 pp.
  • Bal B. 1998 – Prospection odonatologique en Haute-Savoie. Bilan du début de l’année 1996. – Sympetrum, 11 : 3-5.
  • Bronnec F. (coord.) [2016] – Atlas des Odonates du Puy-de-Dôme. – Société d’Histoire Naturelle Alcide-d’Orbigny (SHNAO). – ONLINE
  • Brugière D. 1999 – Pré inventaire des Odonates du département de la Loire.- Martinia, 15 (2) : 47-53.
  • Deliry C. (coord.) 2008 – Atlas illustré des Libellules de la région Rhône-Alpes. – Dir. du Groupe Sympetrum et Muséum d’Histoire Naturelle de Grenoble, éd. Parthénope, Mèze : 404 pp.
  • Dessaix J. 1858 – La Savoie historique et pittoresque. – Tome II, Chambéry.
  • Faton J.M. 1997 – Les Odonates du département de la Drôme. Bilan des prospections de 1985 à 1996. – Martinia, 13 (1) : 3-22.
  • Grand D. 1991 – Les Odonates de la Dombes et des régions voisines (Ain). – Martinia, 7(2) : 41-46.
  • Guerold F., Boudot J.P. & Jacquemin G. 2001 – Première preuve de la reproduction d’Aeshna affinis Vander Linden, 1820 (Odonata, Anisoptera, Aeshnidae) et nouvelles observations d’Odonates en Lorraine. – Martinia, 17(3) : 77-87.
  • Iorio E. 2013 – Nouveau record d’altitude en France pour Aeshna affinis Vander Linden, 1820 (Odonata, Anisoptera : Aeshnidae). – Martinia, 29 (1) : 19-22.
  • Loose D. 1987 – Première liste commentée des Odonates en Isère. – Sympetrum, 1 : 31-50.