Communiqué commenté – Coenagrion castellani, an interesting story…

Communiqué de Christophe Brochard du 17 novembre 2024 sur FaceBook

Le 17 novembre 2024 (3h35), Christophe Brochard entame son communiqué sur FaceBook par cette phrase : “Coenagrion castellani, an interesting story…”. J’en propose la traduction et le lien ci-dessous.

Coenagrion castellani, une histoire intéressante.

L’été dernier [2024], je suis allé dans le sud de l’Italie pour rechercher la larve et les exuvies de Coenagrion castellani. Lorsque je préparais ce voyage j’ai regardé dans le livre de Paul-André Robert la peinture de C. castellani (à l’époque considérée comme une sous-espèce de C. mercuriale). J’ai vu que les lamelles caudales (E, F) étaient beaucoup plus fines que celles de C. mercuriale (dessin au trait G) et même de C. ornatum que j’ai ajouté pour comparaison.

Une fois de plus, j’ai pu observer l’étonnant talent de peintre de Paul-André Robert, puisque toutes les larves de C. castellani que j’ai trouvées correspondaient exactement à ses illustrations avec ces proportions parfaites.

Ce qui m’a semblé extrêmement intéressant dans cette histoire, c’est que dans son livre, Paul-André Robert est non seulement très précis dans son dessin mais aussi dans l’explication d’où vient la matière étudiée. Pour cette espèce, les deux larves provenaient de Salaison (près de Montpellier) collectées les 29 et 30 mars 1963, où on dit qu’elle peut être très commune. Rien qu’en regardant ces dessins, je dirais “ok, c’est exactement ce que j’ai vu en Italie”… Le seul petit problème est que pour l’instant on sait que C. castellani n’est présent qu’en Italie, alors que le dessin de Robert vient de France.

Je pense que davantage de travaux peuvent être réalisés en Italie pour étudier la variation morphologique de la larve/exuvie de C. castellani.

Je dirais aux personnes vivant dans le sud de la France (ou qui y vont en vacances), recherchez C. mercuriale au niveau de quelques petits ruisseaux. Mais ne cherchez pas les larves, car elles sont protégées par la loi et vous pourriez endommager leur habitat. Recherchez l’adulte, surtout le mâle, ils sont assez faciles à identifier à partir de C. mercuriale… Jetez aussi un œil à vos photos… qui sait, vous pourriez y trouver des surprises.

Traduction du communiqué de Christophe Brochard (17 novembre 2024 – FaceBook)

Illustration du Communiqué de Christophe Brochard (17 novembre 2024) – © (shared)

En deuxième ligne du Communiqué de Christophe Brochard, je commente (17 novembre 2024, 17h00) en précisant que : “Je suis en contact avec des collègues du sud de la France car des imagos présentent des caractères de castellani. Difficile de faire confirmer et on avance. D’autres éléments sont en faveur de sa présence en Afrique du Nord ! Je suis dessus aussi.”

Notons que mes contacts sont en cours depuis le printemps. Ce qui est remarquable est la planche de Robert issu de l’ouvrage mis en forme par Brochard (2018) qui vient de fait confirmer la présence de l’espèce Coenagrion castellani en France, même si des précautions d’usage viennent discuter cette option pour ainsi dire incroyable ! Il convient de rappeler que la distinction de Coenagrion castellani est démontrée génétiquement et que de mon côté je travaille sur une option à trois espèces : Coenagrion mercuriale, Coenagrion castellani et Coenagrion hermeticum. Mes premières réflexions sont que Coenagrion castellani est bien en Italie, en termes de biogéographie de toute évidence en Slovénie, voire ailleurs côté Dalmate, que Coenagrion hermeticum se distingue bien par des caractères de coloration notamment et présente des affinités morphologiques avec castellani. L’hypothèse de la possible présence de Coenagrion castellani en France, avait déjà été posée pour la Corse dans le cadre du Plan National local (Berquier 2013).

Les commentaires à suivre devraient être lisibles en cliquant sur l’encart du Communiqué originale de Christophe Brochard intégré depuis FaceBook ci-dessus.

Cette affaire exceptionnelle pour l’odonatologie française est reprise dans un post sur FaceBook (voir plus bas) du groupe de travail Odonates de l’Opie signé R.Krieg-Jacquier (17 novembre 2024, 15h00)1, qui rassemble en réaction au communiqué de Christophe Brochard, et ajoute la figure de l’ouvrage de Dijkstra & al. (2023) qui illustre les pièces abdominales des mâles de Coenagrion mercuriale et Coenagrion castellani.

Christophe Brochard ajoute à la matière et la réflexion de nombreuses illustrations dans un post FaceBook supplémentaire (18 novembre 2024, 3h00). Je l’ai intégré ci-dessous.

Il s’agit de rassembler les énergies et les collaborations afin que cette question remarquable soit étayée par des documents vérifiables. C’est l’objet du post de l’Opie-odonates qui a suivi dans l’après-midi.

  • Ben Azzouz B., Guemmouh R. & Aguesse P. 1989 – À propos des Coenagrion du groupe mercuriale (Charpentier, 1840) et de la présence de C. castellani Roberts, 1948 au Maroc (Zygoptera: Coenagrionidae). – Odonatologica, 18 : 279–283.
  • Berquier C. 2013 – Plan Régional d’Actions en faveur des Odonates. Région Corse. – 2013-2017. – Office de l’Environnement de la Corse, Direction Régionale de l’Environnement de Corse.
  • Brochard C. (dir.) 2018 – Les larves de libellules de Paul-André Robert : L’Œuvre d’une vie. – NVB.
  • Conci C. 1949 – L’Agrion mercuriale castellanii Roberts in Italia (Odonata: Agrionidae). – Bollettino della Società Entomologica Italiana, 79 : 62–64.
  • Deliry C. [2024] – Coenagrion mercuriale – In : Odonates du Monde (Histoires Naturelles) (2004-[2024]) – Version 47064 du 18.11.2024. – odonates.net
  • Dijkstra K.D. & al. 2023 – Morphological and molecular evidence supports the species status of the Italian endemic Coenagrion castellani Roberts, 1948 (Coenagrionidae). – Intern. J. of Odonatology, 26 : 44-53. – ONLINE
  • Roberts J. E. 1948 – Coenagrion castellani, a new species of dragonfly in Europe (order Odonata, Zygoptera). – Proceedings of the Royal Entomological Society of London (B), 17 : 63-66.

  1. “Un agrion italien dans le sud de la France ? Appel à témoins”. ↩︎